jeudi 24 avril 2014

Qu'est-ce qu'une poétique de la Terre ? / A. Berque sur Rfi

Poétique de la Terre Augustin Berque

Qu'est-ce qu'une poétique de la Terre ?

Rfi / Augustin Berque

A l'occasion de la parution de son dernier ouvrage, Rfi a invité le géographe et philosophe Augustin Berque autour de la question suivante : « Qu'est-ce qu'une poétique de la Terre ? »

Renaturer la culture, reculturer la nature, par l’histoire : tel est le propos du livre Poétique de la Terre. Il commence, en première partie, par la question du sujet, en montrant que l’exaltation du sujet individuel moderne a entraîné une décosmisation qui à terme est mortelle, car aucun être ne peut vivre sans un monde commun (kosmos). Nous devons donc recosmiser notre existence. La seconde partie montre que l’arrêt sur objet propre à la modernité aboutit à dépouiller les choses de leur sens, faisant notamment du langage une aporie. Nous avons à remettre les mots et les choses dans le fil de leur histoire commune (leur croître-ensemble : concrescence), c’est-à-dire à les reconcrétiser. La troisième partie montre enfin que réembrayer la nature et la culture passe nécessairement par la question du rapport entre histoire et subjectivité, ce à tous les degrés de l’être, allant, par l’évolution, de la vie la plus primitive jusqu’à la conscience la plus humaine... (4ème de couverture de l'ouvrage Poétique de la Terre d'Augustin Berque aux Editions Belin).


mercredi 23 avril 2014

De la nécessité... / R. Jannel

Apotryptophanae Damien Hirst
Apotryptophanae (Damien Hirst,1994)
source

Espacestemps.net (avril 2014)

De la nécessité de ne pas s’ignorer

Vers une linguistique mésologique

Romaric Jannel

Résumé : L’effervescence de la linguistique contemporaine doit beaucoup aux travaux de Noam Chomsky. Les postulats de ce penseur n’en demeurent pas moins de simples réductionnismes, niant la complexité ayant induit tant la genèse que l’évolution du langage et des diverses langues. Une bonne compréhension des phénomènes langagiers doit être recherchée dans la concrescence humain-milieu, écartant par là même toute forme de déterminisme. Cette analyse mésologique du langage, tout à fait caractéristique de ce que pourrait être une pensée complexe, est une nécessité épistémologique et éthique. Si le déterminisme est ici entendu comme un réductionnisme, et si les thèses chomskyennes tiennent de cela, il n’en reste pas moins que Noam Chomsky parvint à construire un véritable corps de doctrine avec ses auteurs, ses livres et ses colloques.

mercredi 16 avril 2014

Poisson
Ebisu n° 49 (printemps-été 2013)
 

Tétralemme et milieu humain

– la mésologie à la lumière de Yamauchi 


par Augustin BERQUE

Résumé – On rapproche les principaux concepts de la mésologie – prise, médiance, trajection… – de la logique du lemme mise en avant par Yamauchi Tokuryû dans Logos et lemme. L’ordre où celui-ci, dans le tétralemme, place la binégation avant la biassertion, en particulier, est rapproché de la définition de la réalité des milieux comme r = S/P (S en tant que P). La logique des milieux (vivants en général ou humains en particulier) serait donc une lemmique.
Mots clefs – Lemme, médiance, milieu, prise, tétralemme, trajection, Yamauchi.

lundi 7 avril 2014

Prochain séminaire, vendredi 11 février 2014 / Marie-Pierre Lassus

Le chant des anges William Bouguereau
Le chant des anges
William Bouguereau (1881)
(source)
Séminaire « Mésologiques », 10e séance : 11 avril 2014

Mésologie, musique et musique des sens

Par Marie-Pierre Lassus[1]

Résumé : La musique est pour le musicien un milieu où il a lieu d’être. Par le dialogue qu’elle instaure entre les silences et les sons qui la constitue, elle devient un support d’existence et revêt une connotation vitale pour les membres d’un orchestre. Je m’appuierai sur ma pratique de musicienne et sur l’expérience du jeu d’orchestre en milieu carcéral et psychiatrique pour confirmer cette  capacité de la musique, art non verbal et non visuel, à entrer en relation immédiate avec des sujets coupés du monde et d’autrui, appelés à « croître-ensemble » en ce milieu où ils sont immergés et qu’ils apprivoisent en apprenant à sentir(e) c’est-à-dire à écouter (en italien, le terme générique de la sensibilité signifie aussi écouter). Au sein de cette matrice sonore qui leur prééxiste et avec laquelle ils entrent en symbiose, de nouvelles subjectivités sont « à naître » comme la musique elle-même qui a ici toutes les caractéristiques de la chôra platonicienne (A. Berque, 2012).

mercredi 2 avril 2014

Préface à "Pour un vocabulaire de la spatialité japonaise" / A. Berque

Couple with a Standing Screen K. Utamaro
Couple with a Standing Screen (1797 ) K. Utamaro
Museum of Fine Arts, Boston
(source)
Préface à Pour un vocabulaire de la spatialité japonaise 
(dir. P. Bonnin)

par Augustin Berque

            Si la spatialité nippone fascine en Occident, c’est d’abord dans les milieux de l’architecture, comme il se doit puisque ce sont les architectes qui s’occupent de mettre l’espace en formes concrètes. On ne s’étonnera donc pas que ce soit un architecte, Philippe Bonnin, qui ait entrepris de réaliser un Vocabulaire de la spatialité japonaise. Mais pour cet architecte qui est aussi anthropologue, il ne pouvait s’agir seulement d’un dictionnaire de l’architecture japonaise. L’entreprise va bien au delà, car elle part d’une interrogation anthropologique sur ce que c’est concrètement que l’espace dans la culture nippone. Certes, on peut se poser une pareille question à propos de toutes les cultures humaines ; mais il y avait dans le cas du Japon des raisons plus pressantes de le faire. D’où l’intérêt tout particulier de ce Vocabulaire, qui réussit l’exploit d’y apporter une réponse coordonnant une approche pluridisciplinaire, ayant mobilisé pendant plusieurs années des dizaines de chercheurs venus de champs divers.